PARIS

EXPO "DANS LA SEINE" : L’exposition dresse un portrait de la Seine parisienne à partir d’une série d’objets recueillis dans son lit ou sur ses berges, présentés dans le parcours des vestiges de la Crypte archéologique de l’île de la Cité. Ces objets, issus de recherches rappellent les interactions entre l’homme et le fleuve depuis la Préhistoire. Illustrée par une iconographie variée ainsi que par des restitutions numériques, l’exposition rassemble près de 150 objets recueillis dans la Seine, dont chacun raconte Paris.

Info:  EXPO Sous la Seine 




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De l'empereur Julien à l'impératrice Hidalgo... 

Pendant que l'eau coule sous les ponts, Paris se métamorphose, frissonne, renaît, explose, se pavane... On a beaucoup écrit sur l'histoire de Paris, sur la beauté de Paris, sur l'origine cosmopolite de ses habitants, sur l'architecture, mais rarement sur l'image de Paris, celle que Paris  projette dans l'inconscient collectif international. A l'occasion de l'exposition "Dans la Seine", objets trouvés de la Préhistoire à nos jours, nous explorons l'image de Paris à l'international, telle que les "autres" l'imaginent...

Carrefour entre les itinéraires commerciaux terrestres et fluviaux, la principale ville de France a séduit en 357 l'empereur Julien qui, plusieurs hivers de suite vient savourer après ses campagnes, un repos mérité dans le palais des thermes, faisant de Lutèce une ville "relax". Victorieux des Romains, Clovis y établit sa capitale en 508. 

Du 10e au 12e siècle, une cathédrale, des palais royaux et d'opulentes abbayes positionnent Paris comme une métropole réputée dans toute l'Europe pour l'enseignement et les arts. 

Après la guerre de cent ans, Henri IV aidé de Sully, puis Louis XIII reconstruisent puis embellissent Paris qui retrouve sa prospérité et son aura internationale. Le Louvre, la place Vendôme et les tuileries sont embellis, mais Louis XIV boude Paris, lui préférant Versailles. Louis XIV aimait la parure et le luxe. Avec son ministre Colbert, l’industrie du luxe prend son essor en créant les premières manufactures, notamment les Gobelins pour la tapisserie. 

L'image intellectuelle de Paris s'amplifie au XVIIIe siècle, en opposition à Versailles, faisant de cette cité frondeuse un creuset ouvert aux idées des Lumières, aux philosophes et aux encyclopédistes, et lui valant un rayonnement intellectuel international. 

C'est avec le couturier Worth, d'origine anglaise et qui habille l'impératrice Eugénie, que le concept de « haute-couture » prend son sens. Thierry Hermès, fondateur de l’entreprise Hermès s’installe Paris où il ouvre sen 1837 sa première manufacture. A cette époque, la réputation de luxe et de mode de Paris irradient vers toute l'Europe. Au tournant du siècle, la mode et le French cancan, puis les music halls marquent aux yeux des étrangers, l'image d'un Paris frivole, où se trémoussent des coquettes et des courtisanes en tous genres. Cette image est tempérée par les expositions universelles qui positionnent Paris comme rendez vous international incontournable.

Le début du XXe siècle constitue un carrefour temporel de créativité où se croisent Debussy, les ballets russes, Stravinski, Kandinsky, Picasso, Coco Chanel, Jeanne Lanvin, et tous ceux qui exercèrent leur impulsion novatrice, propulsant Paris au sommet visible de l'avant-garde internationale.  Après la guerre de 1945, l'existentialisme, les intellectuels germanopratins et l'esprit littéraire "rive gauche " redonnent à Paris une image nouvelle à l'étranger, celle d'une ville où on ne fait pas que danser, mais également penser.

Dans les années 1960,  Paris se trouve dépassée par les artistes new-yorkais qui créent un nouveau creuset cosmopolite, puis par la créativité foisonnante de Londres, notamment grâce à la mode vestimentaire et aux groupes musicaux, puis la movida espagnole. Paris n'est plus perçue que comme le recoin scintillant des modeux et des puissants groupes de couture qui veulent séduire la clientèle traditionnelle comme les nouveaux venus du moyen orient, sans oublier leurs actionnaires.

La réputation d'être une des plus belle ville du monde continue à jouer le rôle d'aimant auprès des touristes, asiatiques notamment, équipés de leur appareil photo. Paris s'expose, mais il n'est pas question que Paris se repose sur ses lauriers. Le tourisme représente une manne qu'il faut soigner...

Les musées constituent des pôles  emblématiques de l'attractivité de Paris à l'international. Certains présidents cultivés veulent marquer leur empreinte : Musée Beaubourg imaginé par Georges Pompidou, Musée d'Orsay à l'initiative de Giscard d'Estaing, Grand Louvre conçu par Mitterrand, Musée du Quai Branly par Jacques Chirac... Les successeurs (Sarkozy, Hollande, Macron), n'ont probablement pas les mêmes motivations culturelles.

Les travaux pharaonique visant à transformer Paris en cité bienpensante, écologique et verte,  dédiée corps et âme aux vélos, pousse la municipalité actuelle sous l'égide de son élue Hidalgo, à chambouler l'équilibre haussmannien de la capitale et à déstructurer l'élégance de certains quartiers au profit d'un Paris "à la bonne franquette". Un pari qui risque de ne pas voir plus loin que le bout de son nez.

Pendant ce temps, la Seine coule sous les ponts de Paris et d'autres génies, d'autres créateurs, d'autres édiles viendront un jour, imprégnés des ondes magnétiques qui émanent du sous-sol  de la capitale, telles que les décrivait le surréaliste André Breton au début su XXe siècle. Paris est un pari qu'il faut sans cesse reconquérir.

Eric Fersen, historien 

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